La Meguila d'Esther - Traduction en Français

29/01/2013 17:42

                                                                          La Méguila d'Esther

Du 23 au 25 février 2013

13 au 15 Adar 5773

 

Traduction intégrale des 10 chapitres de la Méguila

 

Remarque : La fête de Pourim commence Samedi Soir, et la Méguila (le Livre d'Esther) est lue une première fois ce soir. (Sauf à Jérusalem et d'autres anciennes villes fortifiées, où la fête débute dimanche soir.

Remarque : le "Jeûne d'Esther", observé habituellement le premier jour, est avancé au jeudi précédent, à cause de la sainteté du Chabbat.

 

Les Mitsvot de Pourim incluent :

- Écouter la lecture de la Méguilat Esther (le livre d’Esther) la veille au soir et dans la journée.

- Donner la charité a deux pauvres ou plus. Si vous ne trouvez pas de pauvres, mettez au minimum deux pièces de monnaie dans une boîte réservée à cet usage. Dans la Méguila, cela s’appelle : Matanot Laévyonime.

- Envoyer un cadeau composé d’un minimum de deux sortes de mets prêts à consommer (pâtisseries, fruits, boissons, etc.) à au moins un(e) ami(e). Ce cadeau est appelé Michloa’h Manot.

- Manger le repas de Pourim et se réjouir dans l’esprit de la fête : Seoudat Pourim

-Dire la prière de « Al HaNissim »

                                                                 

Chapitre 1

Ceci se passa à l'époque de A'hachvéroch, le même A'hachvéroch qui régnait, de Hodou jusqu'à Kouch, sur cent vingt sept provinces. A cette époque, alors que le roi A'hachvéroch siégeait sur son trône royal, qui se trouvait à Chouchan, la capitale, durant la troisième année de son règne, il fit un festin pour tous ses ministres et ses serviteurs, l'armée de Perse et de Médie, les nobles et tous les ministres des provinces à son service. Pendant de nombreux jours, cent quatre vingt jours, il exhiba l'opulence glorieuse de son royaume et la splendide beauté de sa majesté. Quand ces jours parvinrent à leur terme, le roi fit un festin de sept jours, dans les cours du jardin du palais royal, pour tout le peuple de Chouchan à la fois, les nobles comme les hommes du commun. Il y avait des tentures blanches, vertes et bleues, qui étaient attachées, par des cordes de lin et de la laine pourpre, à des piliers d'argent et à des colonnes de marbre. Il y avait des divans d'or et d'argent, sur un parterre d'albâtre et de marbre, ayant la forme de rangées et de cercles. Des boissons étaient servies dans des récipients en or, des vases de formes diverses. Le vin royal coulait en abondance, comme il sied au roi. La boisson était introduite par la loi, sans contrainte, selon l'ordre que le roi avait donné aux majordomes de sa maison, celui d'exaucer le souhait de chacun.

La reine Vachti fit également une fête pour les femmes, dans le palais royal du roi A'hachvéroch. Au septième jour, alors que le cœur du roi était réjoui par le vin, il ordonna à Mehouman, Bizeta, 'Harvona, Bigta, Avagta, Zeitar et 'Harkas, les sept chambellans qui servaient le roi A'hachvéroch, d'amener la reine Vachti devant le roi, portant la couronne royale, afin de montrer sa beauté aux nations et aux ministres, car elle était réellement belle. Mais, la reine Vachti refusa d'apparaître, sur l'ordre du roi transmis par les chambellans. Le roi fut saisi d'une grande furie et sa colère brûla en lui.

Le roi se concerta avec les sages, ceux qui avaient connaissance des moments, car ainsi était l'usage du roi, qui soumettait de telles questions à ceux qui étaient versés en chaque loi et en chaque statut. Les plus proches de lui étaient Carchena, Sheitar, Admata, Tarshish, Meres, Marsena et Memou'han. Ceux-ci étaient les sept ministres de Perse et de Médie, qui avaient accès au roi et se trouvaient au rang le plus élevé du royaume. Il leur demanda : « Par la loi, que doit-on faire à la reine Vachti qui n'a pas obéi à l'ordre du roi, transmis par les chambellans ? »

Memou'han déclara devant le roi et les ministres : « Ce n'est pas uniquement envers le roi que la reine Vachti a mal agi, mais contre tous les ministres et toutes les nations, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch. Quand le comportement de la reine parviendra à toutes les femmes, les maris seront amoindris à leurs yeux, car elles diront : “Le roi A'hachvéroch a ordonné que la reine Vachti soit conduite devant lui, mais elle n'est pas venue”. Ce même jour, les femmes nobles de Perse et de Médie, qui auront eu connaissance du comportement de la reine, le répéteront à tous les nobles du roi. La disgrâce et la colère seront grandes. Si le roi l'accepte, qu'il promulgue un édit royal et qu'il soit écrit dans les lois de Perse et de Médie, sans qu'il soit possible de le révoquer, que la reine Vachti ne peut plus paraître devant le roi A'hachvéroch. Et, que le roi transmette son titre royal à une autre femme, qui sera meilleure qu'elle. Le décret du roi, qu'il proclamera, sera entendu dans tout son royaume, car il sera effectivement important. Ainsi, toutes les femmes respecteront leur mari, les nobles comme les hommes du commun. » L'idée plut au roi et aux ministres. Le roi suivit le conseil de Memou'han. Il envoya des lettres dans toutes les provinces du roi, à chaque province selon son écriture et à chaque nation selon sa langue, pour dire que chaque homme devait être le maître, dans sa maison et parler le langage de sa nation.

 

Chapitre  2

Après ces événements, lorsque la colère du roi A'hachvéroch s'apaisa, il se souvint de Vachti, de ce qu'elle avait fait et de ce qui avait été décrété, à son sujet. Alors, les intendants du roi annoncèrent : « Que l'on recherche pour le roi de belles jeunes filles vierges et que le roi nomme des officiers, dans toutes les provinces de son royaume, qui rassembleront toutes les belles jeunes filles vierges à Chouchan, la capitale, dans le harem, sous la responsabilité de Heigai, eunuque du roi, gardien des femmes. Et, qu'on leur donne des cosmétiques. Ainsi, la jeune fille qui aura la faveur aux yeux du roi, deviendra reine à la place de Vachti. » Ce projet fut jugé positif par le roi et il agit ainsi.

Il y avait un homme juif à Chouchan, la capitale, dont le nom était Mordekhaï, fils de Yaïr, fils de Chimei, fils de Kish, de la tribu de Binyamin, qui avait été exilé de Jérusalem, avec les bannis ayant été expatriés en même temps que Ye'honya, le roi de Judée que Nabuchodonosor, roi de Babylone, avait envoyé en exil. Celui-ci avait élevé sa cousine Hadassa, également appelée Esther, car elle n'avait ni père, ni mère. La jeune fille était de bonne apparence et belle. Quand son père et sa mère moururent, Mordekhaï l'adopta, comme si elle était sa fille. Quand l'ordre et le décret du roi furent connus, de nombreuses jeunes filles furent réunies à Chouchan, la capitale, sous la responsabilité de Heigai. Et, Esther fut également conduite au palais, à la charge de Heigai, le gardien des femmes. La jeune fille trouva grâce à ses yeux et elle obtint sa bonté, de sorte qu'il se dépêcha de lui fournir des cosmétiques, des repas et les sept servantes devant lui être accordées par le palais. De même, il la transféra, avec ses servantes, dans les meilleurs quartiers du Harem. Pendant ce temps, Esther ne divulguait pas son peuple et ses ancêtres, car Mordekhaï lui avait précisé qu'elle ne devait pas le faire.  Chaque jour, Mordekhaï allait et venait devant la cour du harem afin de voir comment allait Esther et ce qu'il advenait d'elle. Quand arrivait le tour de chaque jeune fille de se rendre auprès du roi A'hachvéroch, après avoir effectué les douze mois de soins prescrits aux femmes, puisque, alors seulement, était achevée la période de leurs soins de beauté, six mois dans l'huile de myrrhe, puis six mois dans les parfums et les cosmétiques des femmes, après quoi la jeune fille pouvait paraître devant le roi, on lui accordait tout ce qu'elle demandait pour l'accompagner du harem au palais. Le soir, elle se rendait chez le roi et le matin, elle revenait dans le second harem, placé sous la responsabilité de Chaachgaz, l'eunuque du roi, gardien des concubines. Par la suite, elle ne retournait plus chez le roi, sauf si le roi le désirait, auquel cas elle serait nommément appelée. Quand le moment vint pour Esther, fille d'Avi'haïl, l'oncle de Mordekhaï, qui l'avait prise pour fille, de se présenter devant le roi, elle ne demanda rien d'autre que ce que lui avait conseillé Heigai, l'eunuque du roi, gardien des femmes. Car, Esther trouvait grâce aux yeux de tous ceux qui la voyaient.

Esther fut conduite chez le roi A'hachvéroch, en son palais, pendant le dixième mois, qui est celui de Tévet, à la septième année de son règne. Le roi aima Esther plus que toutes les autres femmes. Elle acquit sa faveur et sa grâce, plus que toutes les autres vierges. Il plaça la couronne royale sur sa tête et en fit sa reine, à la place de Vachti. Puis, le roi fit un grand festin, pour tous ses ministres et ses serviteurs, le festin d'Esther. Il réduisit les impôts pour toutes les provinces et fit des présents, comme il sied au roi. Lorsque les vierges furent réunies une seconde fois, Mordekhaï siégeait à la porte du roi. Esther ne divulguait toujours pas ses ancêtres et son peuple, comme Mordekhaï le lui avait demandé. De fait, Esther suivait les instructions de Mordekhaï exactement comme elle le faisait quand il s'occupait d'elle.

 En ces jours, alors que Mordekhaï siégeait près de la porte du roi, Bigtan et Teresh, deux chambellans du roi, parmi les gardes du seuil, s'emportèrent et ils envisagèrent d'assassiner le roi A'hachvéroch. L'affaire fut connue de Mordekhaï et il en informa la reine Esther. Alors, Esther le fit savoir au roi, au nom de Mordekhaï. On mena une enquête sur cette affaire et l'on s'aperçut que c'était vrai. Tous les deux furent pendus sur une potence et ceci fut inscrit dans le livre des chroniques, devant le roi.

 

Chapitre  3

Après ces événements, le roi A'hachvéroch promut Haman, fils de Hamdata, l'Agaguite et l'éleva. Il plaça son siège au dessus de tous ses collègues ministres. Tous les serviteurs du roi, à la porte du roi, s'inclinaient et se prosternaient devant Haman, car c'est ce que le roi avait ordonné, à son propos. Mais, Mordekhaï ne s'inclinait pas et ne se prosternait pas. Les serviteurs du roi, à la porte du roi, demandèrent à Mordekhaï : « Pourquoi transgresses-tu le Commandement du roi ? » Finalement, alors qu'ils lui formulaient cette remarque, jour après jour, mais qu'il ne les écoutait pas, ils en informèrent Haman, afin de voir si les mots de Mordekhaï perdureraient, car il leur avait dit qu'il ne se prosternerait jamais parce qu'il était Juif.

Quand Haman vit que Mordekhaï ne s'inclinait pas et ne se prosternait pas devant lui, Haman s'emplit de colère. Mais, il pensa qu'il était dérisoire de tuer uniquement Mordekhaï, car on l'avait informé de la nation de Mordekhaï. Haman voulut exterminer tous les Juifs, peuple de Mordekhaï, dans tout le royaume de A'hachvéroch. Pendant le premier mois, qui est celui de Nissan, pendant la douzième année du règne de A'hachvéroch, un Pour, c'est-à-dire un tirage au sort, fut fait devant Haman, pour chaque jour et pour chaque mois. Celui-ci désigna le douzième mois, celui d'Adar.

Haman dit au roi A'hachvéroch : « Il y a un peuple disséminé et éparpillé parmi les nations, à travers les provinces de ton royaume, dont les lois diffèrent de celles des autres peuples et qui n'obéit pas aux instructions du roi. Il n'est pas dans l'intérêt du roi de les tolérer. Si le roi en est satisfait, qu'un décret soit émis pour les détruire et je paierai dix milles talents d'argents aux préposés, afin qu'ils les déposent dans les trésors du roi. » Le roi ôta son sceau de sa main et le donna à Haman, fils de Hamdata, l'Agaguite, persécuteur des Juifs.

Le roi dit à Haman : « L'argent t'est donné pour que tu le gardes et la nation est à toi, pour en faire ce que bon te semble. »

Les scribes du roi furent convoqués, en le treizième jour du premier mois et tout ce que Haman commandait aux satrapes du roi, aux gouverneurs de chaque province, aux nobles de toutes les nations, fut consigné par écrit, pour chaque province selon son écriture et pour chaque nation selon sa langue. Ceci fut inscrit, au nom du roi A'hachvéroch et frappé du sceau royal. Des lettres furent envoyées, par l'intermédiaire de courriers, dans toutes les provinces du roi, afin d'exterminer, d'assassiner et de détruire tous les Juifs, jeunes et vieux, enfants et femmes, en une seule journée, le treizième jour du douzième mois, qui est celui d'Adar et de les dépouiller de leurs possessions. Des copies de cet édit devaient être érigées en loi, dans chaque province, clairement pour toutes les nations, afin que celles-ci soient prêtes pour cette date. Les courriers furent hâtés par l'ordre du roi et la loi fut proclamée à Chouchan, la capitale. Puis, le roi et Haman s'assirent pour boire, alors que la cité de Chouchan était désemparée.

Chapitre  4

Mordekhaï sut tout ce qui s'était passé. Aussi, Mordekhaï déchira-t-il ses vêtements en signe de deuil. Il revêtit un sac et des cendres. Et, il sortit dans la ville, gémissant à voix haute et amèrement. Il parvint jusqu'à la porte du roi, car il est impropre de franchir la porte du roi en étant vêtu d'un sac. Dans chaque province, là où parvenaient l'édit du roi et sa loi, il y avait un deuil profond parmi les Juifs, des jeûnes, des cris et des lamentations. Des sacs et des cendres furent répartis parmi les masses. Les servantes et les chambellans d'Esther vinrent et lui dirent ce qui se passait. La reine en fut terrifiée. Elle envoya des vêtements desquels Mordekhaï pourrait se couvrir, mais il ne les accepta pas. Esther convoqua Hata'h, l'un des chambellans du roi, qu'il avait affecté à son service. Elle lui ordonna de se rendre auprès de Mordekhaï afin de découvrir la signification de tout cela, ce dont il s'agissait.

Hata'h s'en alla chez Mordekhaï, sur la place de la ville qui se trouvait face à la porte du roi. Mordekhaï lui fit part de tout ce qui lui était arrivé, de la somme d'argent que Haman avait promis de verser aux trésors royaux, en échange du droit d'exterminer les Juifs. Il lui donna également une copie de la loi qui avait été promulguée à Chouchan, appelant à leur extermination, afin de la montrer à Esther et de lui dire ce qu'il en était, de lui ordonner qu'elle se rende auprès du roi et qu'elle le supplie, qu'elle intercède devant lui en faveur de son peuple.

Hata'h s'en revint et il répéta les mots de Mordekhaï à Esther. Esther demanda à Hata'h de transmettre ceci à Mordekhaï : « Tous les serviteurs du roi et le peuple des provinces du roi savent que tout homme ou toute femme qui se rend auprès du roi et pénètre dans la cour intérieur sans avoir été convoqué, ne peut recevoir qu'un seul verdict, l'exécution. Seule la personne à laquelle le roi tend son sceptre d'or vivra. Or, cela fait maintenant trente jours que je n'ai pas été appelée chez le roi. »

Ils transmirent les propos d'Esther à Mordekhaï. Et, Mordekhaï demanda de communiquer ceci à Esther : « Ne pense pas que tu échapperas au sort de tous les Juifs en te trouvant dans le palais royal. Car, si tu restes silencieuse à ce moment, le soulagement et le salut parviendront aux Juifs d'une autre source. Toi et la maison de ton père, vous serez perdus. Et, qui sait si ce n'est pas précisément pour cet instant que tu es parvenue à la royauté ? »

Esther demanda de transmettre à Mordekhaï : « Va, rassemble les Juifs qui se trouvent à Chouchan et jeûnez pour mon salut. Ne mangez pas et ne buvez pas pendant trois journées, jour et nuit. Mes servantes et moi-même, nous jeûnerons également, de la même façon. Puis, je me rendrai près du roi, en contrevenant à la loi et si je dois périr, je périrai. ».

Mordekhaï se retira et il fit tout ce que Esther lui avait demandé.

 

Chapitre  5

Au troisième jour, Esther mit ses vêtements royaux et elle se tint dans la cour intérieure du palais, face à ce palais. Le roi siégeait sur son trône royal, dans le palais, face à son entrée. Quand le roi vit la reine Esther debout dans la cour, elle trouva grâce à ses yeux. Le roi tendit à Esther le sceptre d'or qu'il avait à la main. Esther s'en approcha et elle toucha l'extrémité du sceptre. Le roi lui dit : « Qu'y a-t-il, reine Esther ? Quelle est ta requête ? Même s'il s'agit de la moitié du royaume, elle t'est accordée ! » Esther dit : « Si cela satisfait le roi, que le roi et Haman viennent, aujourd'hui, à la fête que j'ai préparé pour lui. » Le roi déclara : « Dites à Haman qu'il se dépêche d'accéder à la demande d'Esther ! »

Le roi et Haman vinrent au festin que Esther avait préparé. Pendant ce festin de vin, le roi dit à Esther : « Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. Quelle est ta requête ? Même s'il s'agit de la moitié du royaume, ce sera fait. » Esther répondit et déclara : « Voici ma demande et ma requête. Si j'ai trouvé grâce aux yeux du roi, s'il est agréable au roi de satisfaire ma demande et d'accéder à ma requête, que le roi et Haman viennent au festin que je préparerai pour eux. Et, demain, j'accomplirai la demande du roi. »

Ce jour-là, Haman s'en alla content et heureux. Puis, quand Haman vit Mordekhaï à la porte du roi, que celui-ci ne se dressa pas, ne bougea pas devant lui, Haman s'emplit de colère contre Mordekhaï.   . Haman parvint à se contenir, rentra chez lui, fit appeler ses amis et son épouse Zeresh.   . Haman leur fit part de sa glorieuse puissance et de ses nombreux fils, de tout ce que le roi avait fait pour l'élever et le placer au dessus des ministres et des serviteurs du roi.   . Puis, Haman dit : « En outre, avec le roi, la reine Esther n'a invité que moi à la fête qu'elle a préparée. Demain également, je suis convié à son festin, avec le roi.   . Mais, tout cela est sans valeur pour moi tant que je vois Mordekhaï le Juif siégeant à la porte du roi ! »

Alors, Zeresh, son épouse et tous ses amis lui dirent : « Que l'on érige une potence de cinquante coudées de hauteur et, demain, tu diras au roi qu'il y fasse pendre Mordekhaï. Par la suite, tu pourras prendre part au festin, de bonne humeur, avec le roi. » Haman fut satisfait de cette idée et il fit ériger cette potence.

 

 

Chapitre  6

 Cette nuit-là, le sommeil du roi fut troublé. Il ordonna que le livre des enregistrements, des chroniques, soit apporté et qu'il soit lu devant le roi. On y trouva écrit que Mordekhaï avait donné l'information relative à Bigtana et Teresh, deux des chambellans du roi, parmi les gardiens du seuil, qui avait projeté d'assassiner le roi A’hachvéroch. Le roi demanda : « Quelle splendeur et quel honneur ont été accordés à Mordekhaï pour cela ? » Les intendants du roi répondirent : « Rien n'a été fait pour lui. »  . « Qui est dans la cour ? », demanda le roi.

Juste à ce moment, Haman arriva dans la cour extérieure du palais royal, afin de demander au roi de pendre Mordekhaï sur la potence qu'il avait préparée pour lui. Les intendants du roi lui répondirent : « Haman se tient dans la cour. » Le roi dit : « Qu'il entre ! »  . Haman entra et le roi lui dit : « Que faut-il faire à un homme que le roi veut honorer ? » Haman se dit à lui-même : « Qui d'autre que moi le roi voudrait-il honorer ? »  . Haman répondit donc au roi : « A l'homme que le roi veut honorer, on apportera un vêtement royal, que le roi a porté, un cheval que le roi a monté. La couronne royale sera posée sur sa tête.  Le vêtement et le cheval seront confiés dans les mains d'un des nobles ministres du roi. On en vêtira l'homme que le roi veut honorer et on le conduira, sur le cheval, dans les places de la ville, en proclamant devant lui : “Voici ce qui est fait à l'homme que le roi veut honorer !” »  . Le roi dit à Haman : « Hâtes-toi ! Prends le vêtement et le cheval, comme tu l'as dit et fais tout cela pour Mordekhaï le Juif, qui siège à la porte du roi. Ne supprime pas le moindre détail de tout ce que tu as suggéré ! »

Haman prit le vêtement et il le mit à Mordekhaï. Il le conduisit sur les places de la ville et il proclama devant lui : « Voici ce qui est fait à l'homme que le roi veut honorer. »   . Puis, Mordekhaï retourna à la porte du roi, alors que Haman se dépêcha de rentrer chez lui, pitoyable, la face recouverte. Haman fit part à son épouse Zeresh et à tous ses amis de tout ce qui lui était arrivé. Ses sages et son épouse Zeresh lui dirent alors : « Si ce Mordekhaï, devant lequel tu as commencé à connaître la chute, est d'ascendance juive, tu n'auras pas le dessus sur lui. Tu tomberas sûrement devant lui. » . Alors qu'ils lui parlaient encore, les chambellans du roi arrivèrent et se dépêchèrent de conduire Haman au festin que Esther avait préparé.

 

 

Chapitre  7

 

 Le roi et Haman vinrent boire avec la reine Esther. Encore une fois, le second jour, le roi dit à Esther, durant le festin du vin : « Quelle est ta demande, reine Esther ? Elle te sera accordée. Quelle est ta requête ? Même s'il s'agit de la moitié du royaume, cela sera fait. »  . La reine Esther répondit et elle déclara : « Si j'ai trouvé faveur à tes yeux, ô roi et si cela satisfait le roi, que ma vie me soit accordée par ma demande et la vie de mon peuple, par ma requête. Car, mon peuple et moi-même, nous avons été vendus afin d'être anéantis, tués et détruits. Si nous avions été vendus comme esclaves et comme servantes, je serais restée silencieuse. Mais, en réalité, le persécuteur n'est nullement préoccupé par la perte causée au roi. »

Le roi A'hachvéroch parla et il dit à la reine Esther : « De qui s'agit-il, qui a eu l'audace de faire pareille chose ? »  . Esther répondit : « Un homme qui est un persécuteur et un ennemi, Haman l'impie ! » Haman en fut abasourdi, en présence du roi et de la reine. Le roi se dressa, plein de colère. Il quitta le festin du vin et se rendit dans le jardin du palais. Alors, Haman se leva pour demander à la reine Esther d'avoir la vie sauve, car il avait compris que l'hostilité du roi, à son encontre, était irrévocable. Le roi revint du jardin du palais, dans la pièce où se tenait le festin du vin. Or, Haman était tombé sur le divan sur lequel se trouvait Esther. Le roi dit : « A-t-il l'intention de conquérir la reine alors que je me trouve dans le palais ? » Dès que ces mots émanèrent de la bouche du roi, la face de Haman fut recouverte.

Alors, 'Harvona, l'un des chambellans au service du roi, dit : « En outre, il y a la potence que Haman a fait ériger pour Mordekhaï, qui a parlé pour le bien du roi. Elle se trouve dans la maison de Haman et elle a cinquante coudées de hauteur. » Le roi dit : « Pendez-le sur elle ! »   Et, l'on pendit Haman sur la potence qu'il avait préparée pour Mordekhaï. Alors, la colère du roi s'apaisa.

 

Chapitre  8

 

Ce jour-là, le roi A'hachvéroch donna à Esther la propriété de Haman, persécuteur des Juifs. Et, Mordekhaï se présenta devant le roi, car Esther lui avait dit qui il était pour elle. Le roi prit son sceau qu'il avait ôté à Haman et il le donna à Mordekhaï. Esther confia à Mordekhaï la charge de la maison de Haman.

Esther parla encore une fois au roi, tomba à ses pieds, pleura et le supplia d'annuler le décret impie de Haman l'Agaguite, le complot qu'il avait fomenté contre les Juifs. Le roi tendit le sceptre d'or à Esther et Esther se redressa, se tint debout devant le roi. Elle lui dit : « Si le roi en est satisfait, si ceci trouve faveur devant lui, si cette idée convient au roi et si je suis plaisante à ses yeux, qu'un ordre soit donné pour que l'on retire les lettres établissant le complot de Haman, fils de Hamdata, l'Agaguite, par lesquelles il commanda la destruction des Juifs, dans toutes les provinces du roi . Car, comment pourrais-je supporter la calamité qui frapperait mon peuple ? Et, comment pourrais-je assister à l'anéantissement de ma nation ? »

Le roi A'hachvéroch dit à la reine Esther et à Mordekhaï, le Juif : « Voici, j'ai donné la propriété de Haman à Esther. Lui-même a été pendu sur une potence pour avoir levé la main contre les Juifs. Quant à vous, vous pouvez émettre tous les décrets que bon vous semble, concernant les Juifs, au nom du roi et portant le sceau du roi. En effet, un édit écrit au nom du roi et portant le sceau du roi ne peut pas être annulé »

Les scribes du roi furent alors convoqués, en le troisième mois, qui est celui de Sivan, aux vingt troisième jours de ce mois. Un édit fut rédigé, accordant tout ce que Mordekhaï avait ordonné pour les Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs, aux nobles des provinces, de Hodou jusqu'à Kouch, cent vingt sept provinces, à chaque province selon son écriture, à chaque nation selon sa langue et aux Juifs selon leur écriture et leur langue. Il le rédigea au nom du roi A'hachvéroch et le scella avec le sceau du roi. Il envoya les lettres par des courriers, cavaliers chevauchant des mules élevées par les juments des écuries du roi. Selon celles-ci, le roi autorisait les Juifs de chaque ville à se rassembler, à défendre leur vie, en anéantissant, en tuant et en détruisant l'armée de toute nation ou de toute province qui pourrait les attaquer, y compris leurs enfants et leurs femmes, de même qu'en s'appropriant leurs possessions,  en une même journée, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch, le treizième jour du douzième mois, celui d'Adar.

Des copies de l'édit furent envoyées afin qu'il soit érigé en loi dans chaque province, clairement pour toutes les nations, de sorte que les Juifs soient prêts pour ce jour et puissent se venger de leurs ennemis. Les courriers, chevauchant les mules des écuries du roi, partirent, avec rapidité et empressement, emportant l'édit du roi et la loi fut promulguée, à Chouchan, la capitale. Et, Mordekhaï se retira de devant le roi, portant un habit royal bleu et blanc, une large couronne d'or et un châle de lin fin et de laine pourpre. La cité de Chouchan célébrait et se réjouissait.  Pour les Juifs, il y eut la lumière, l'allégresse, la joie et la gloire. En chaque province, en chaque cité où parvenaient l'édit du roi et sa loi, c'était l'allégresse et la joie pour les Juifs, une célébration et une fête. De nombreux non Juifs se convertirent au Judaïsme, car la peur des Juifs s'était emparée d'eux.

 

Chapitre  9

Au treizième jour du douzième mois, qui est celui d'Adar, quand vint le temps d'accomplir l'édit du roi et sa loi, au jour que les ennemis des Juifs avaient pensé les dominer, la situation fut renversée et ce sont les Juifs qui dominèrent leurs ennemis. Les Juifs se rassemblèrent dans leurs villes, dans toutes les provinces du roi A'hachvéroch, afin d'attaquer ceux qui voulaient leur nuire. Aucun homme ne put se tenir sur leur chemin, car leur crainte s'était emparée de toutes les nations. Tous les ministres des provinces, les satrapes, les gouverneurs, les préposés du roi honoraient les Juifs, car la crainte de Mordekhaï s'était abattue sur eux. De fait, Mordekhaï était important, dans le palais du roi et sa renommée se répandait dans toutes les provinces, car Mordekhaï avait un pouvoir grandissant sans cesse.

Les Juifs passèrent leurs ennemis au fil de l'épée, tuant et détruisant. Ils firent à leurs ennemis ce que bon leur semblait. A Chouchan, la capitale, les Juifs tuèrent et détruisirent cinq cents personnes,  et ils tuèrent Parchandata et Dalfon et Aspata  et Porata et Adalya et Aridata  et Parmachta et Arisaï et Aridaï et Vaïzata,  les dix fils de Haman, fils de Hamdata, persécuteur des Juifs, mais ils ne prirent rien du butin.  Ce jour-là, le nombre de personnes tuées à Chouchan, la capitale, fut produit devant le roi. Et, le roi dit à la reine Esther : « A Chouchan, la capitale, les Juifs ont tué et détruit cinq cents hommes et les dix fils de Haman. Et, qu'ont-ils fait dans les autres provinces du roi ! Quelle est ta demande ? Elle te sera accordée. As-tu une autre requête ? Elle sera exaucée. »  Esther répondit : « Si le roi en est satisfait, que les Juifs de Chouchan soient autorisés à faire demain ce qui était légal aujourd'hui et que les dix fils de Haman soient pendus sur une potence. » . Le roi ordonna qu'il en soit ainsi, la loi fut proclamée à Chouchan et les dix fils de Haman furent pendus.

Ainsi, les Juifs de Chouchan se rassemblèrent encore, au quatorzième jour du mois d'Adar et ils tuèrent trois cents hommes, à Chouchan, mais ils ne prirent rien du butin. Tous les autres Juifs, dans les différentes provinces du roi, se rassemblèrent et sauvèrent leur vie en se libérant de leurs ennemis. Ils tuèrent soixante quinze mille de ceux qui les haïssaient, mais ils ne prirent rien du butin,  le treizième jour du mois d'Adar. Ils se reposèrent le quatorzième jour, en firent une fête et une célébration joyeuse. Les Juifs de Chouchan se rassemblèrent le treize et le quatorze Adar, ils se reposèrent le quinze, en firent une fête et une célébration joyeuse.  De ce fait, les Juifs Prazi, c'est-à-dire ceux qui habitent dans les villes sans muraille d'enceinte, célèbrent la fête au quatorzième jour du mois d'Adar, jour de festin, de réjouissance, où ils envoient des mets les uns aux autres.

 Mordekhaï rédigea ces événements et il envoya des lettres à tous les Juifs vivant dans les différentes provinces du roi A'hachvéroch, proches ou éloignées,  leur demandant de s'astreindre à célébrer, chaque année, le quatorzième et le quinzième jours du mois d'Adar,  comme aux jours où les Juifs furent libérés de leurs ennemis et au mois qui fut transformé pour eux d'angoisse en joie, de deuil en fête, en en faisant des jours de célébration, de réjouissance, en envoyant des mets les uns aux autres, en faisant des dons aux pauvres.

 Et, les Juifs acceptèrent comme une obligation ce qu'ils avaient déjà commencé à observer et ce que Mordekhaï leur avait écrit.

 En effet, Haman, fils de Hamdata, l'Agaguite, persécuteur des Juifs, avait comploté contre les Juifs afin de les exterminer et il fit un Pour, c'est-à-dire un tirage au sort, pour les décimer et les détruire.  Mais, quand elle arriva devant le roi, celui-ci déclara, et ordonna que des lettres soient rédigées à cet effet, que l'infâme complot de Haman contre les Juifs se retourne contre sa propre tête, que lui et ses fils soient pendus sur une potence. C'est pour cela qu'ils appelèrent ces jours Pourim, du fait du Pour, à cause de tous les événements consignés dans cette épître, exposant ce qui leur arriva et pourquoi ils jugèrent bon d'instaurer une fête.

 Les Juifs établirent et s'engagèrent, pour eux-mêmes, pour leurs descendances et pour tous ceux qui se convertiraient à leur foi, à célébrer, chaque année, ces deux jours de la manière qui vient d'être décrite ici, aux dates qui conviennent. Ceci ne sera jamais aboli. Ces jours sont commémorés et célébrés, en chaque génération, par chaque famille, dans chaque province et chaque ville. Les jours de Pourim ne disparaîtront jamais d'entre les Juifs et leur souvenir ne s'effacera pas de leurs descendants.

 La reine Esther, fille d'Avi'haïl et Mordekhaï le Juif écrivirent l'importance des miracles, afin d'établir la fête par cette seconde épître de Pourim.  Et, il envoya des lettres à tous les Juifs, dans les cent vingt sept provinces du royaume de A'hachvéroch, avec des mots de paix et de vérité,  pour leur demander d'observer ces jours de Pourim aux dates qui conviennent, de la manière qui a été établie pour eux par Mordekhaï le Juif et la reine Esther, puisqu'ils s'étaient engagés eux-mêmes et avaient engagé leur descendance, à observer les jeûnes et les lamentations.  Et, le discours d'Esther confirma l'observance de ces jours de Pourim. Le récit en fut consigné dans l'Ecriture.

Chapitre   10

Le roi A'hachvéroch leva un impôt sur le continent et les îles de la mer . Tout le récit de son pouvoir et de sa puissance, la narration de la grandeur de Mordekhaï, que le roi avait promu, sont consignés dans le livre des chroniques des rois de Médie et de Perse.

Car, Mordekhaï, le Juif était le second du roi A'hachvéroch, un chef des Juifs, aimé par ses nombreux frères. Il rechercha le bien-être de son peuple et il parla de paix pour tous leurs descendants.