Pourquoi les femmes et les hommes sont ils séparés dans une synagogue ?
Bien des femmes veulent pouvoir lire directement et être considérées comme majeures au regard de la Tora. Est-ce possible du point de vue de la Halakha (loi juive)?
dans la plupart des synagogues orthodoxes, seuls les hommes lisent et sont appelés à monter à la Torah. mais on observe de plus en plus de communautés de femmes orthodoxes qui organisent des lectures de femmes
Le Talmud en envisage la possibilité :
Le texte de base autorisant une femme à monter à la Tora se trouve dans le Talmud Meguila 23a :
« pour Nos maîtres enseignent : Tout le monde [est habilité à] monte[r] à la Torah parmi les sept personnes requises, même une femme, même un mineur. Mais les sages ont dit : une femme ne lira pas dans la Torah en raison de la « dignité de la communauté » (kevod hatsibour). »
Le Kevod hatsibour à été instauré quand certains hommes ne sachant lire dans la thora se sentaient « gêné » (voir humilié) de lire devant des femmes dites « érudites » (sachant lire). C’est la première raison de la séparation hommes/femmes dans une synagogue.
L’honneur du public est une notion relative.
Ceci est, par exemple, l’opinion du rabbin Manoah de Narbonne (13e siècle) :
« Si l’on ne tenait pas compte de la dignité communautaire, la femme lirait dans la Torah et réciterait les bénédictions. En effet, la Torah a été donnée aux hommes d’Israël aussi bien qu’aux femmes … Dans le traité Pessahim 43a, il est dit que la Torah ne fait aucune différence sur le plan pénal entre l’homme et la femme … du fait qu’elles ont l’obligation d’accomplir des commandements inscrits dans la Torah, elles peuvent dire les bénédictions « qui nous a choisi » et « qui nous a donné » et lire dans la Torah comme les hommes. Si toutefois [en pratique], elles ne le font pas, c’est en raison de la dignité communautaire. »
Femmes impures ?
L’opinion répandue qu’une femme ne peut monter à la Torah à cause de l’impureté liée à ses menstruations va à l’encontre de la loi talmudique et de la majorité des décisionnaires. Dans le traité Berakhot du talmud babylonien (22a) il est dit clairement : « Selon une baraïta, le rabbin Yehouda ben Betira déclare que les paroles de la Torah ne peuvent être souillées par un impureté ». Et les plus grands décisionnaires comme Rif, Maïmonide, Smag, Roch, Tour et R. Yossef Caro ont suivi l’opinion talmudique. C’est ainsi que nous pouvons lire dans le Choulhan Aroukh (Orakh Hayim. 88 :1) : « Tous les impurs peuvent lire la Torah, le Chema et prier ». Et le Rama d’ajouter :
« Certains ont écrit qu’une femme menstruée ne peut entrer dans la synagogue, prier, énoncer le nom de Dieu, ou toucher le livre (de la Torah), mais selon d’autres, tout ceci est permis, et ceci [la deuxième opinion] est l’essentiel. »
Il n’y a donc aucune raison d’interdire aux femmes de monter à la Torah par crainte d’impureté et aucuns parmi les dizaines de décisionnaires ayant traité de la question n’a invoqué l’impureté menstruelle pour interdire la montée de la femme à la Torah.
Conclusion :
La seule raison invoquée pour interdire la lecture de la Torah en public par les femmes, est la dignité de la communauté. A l’époque du Talmud, il était considéré comme un déshonneur pour la communauté des hommes qu’une femme lise la Torah, parce que l’on aurait pu penser qu’il n’y avait pas, parmi eux, d’homme capable de lire la Torah.
Dans notre société où les femmes savent lire comme les hommes ce n’est pas un déshonneur pour les hommes qu’une femme lise la Torah en public. La raison du décret n’existe plus et on peut donc revenir à la loi originale, « tout le monde [est habilité à] monte[r] à la Torah parmi les sept personnes requises, même une femme, même un mineur ».
Aller plus loin
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