D’où vient l’interdiction pour une femme mariée de se couvrir les cheveux ?
D’où vient l’interdiction pour une femme mariée de se couvrir les cheveux ?
Je me suis interrogée sur le Pourquoi certaines femmes mariées se couvraient la tête. Pourquoi la grande majorité ne le faisait pas ? Pourquoi selon si on ne se couvre pas, ou l’on porte un foulard ou bien une perruque cela induit automatiquement le degré de religiosité ou de signe d’appartenance à tels ou tels mouvements juifs. Un peu comme la couleur de la kippa ou la forme du chapeau chez les hommes.
De la phrase : « mais toi, tu n’as pas la tête couverte, alors de quoi tu parles ?, tu n’es pas religieuse !! », j’ai décidé d’étudier plus profondément ce sujet.
Cet article n'a pas pour intention de donner des réponses absolues mais de savoir à partir de quelles références et de quel contexte, les sages des générations précédentes en ont déduit que les femmes mariées devaient se couvrir la tête.
Aussi, je souhaiterais vous faire découvrir deux poskim orthodoxes du 20 ème et 21ème siècle qui nous proposent une approche novatrice sur ce sujet.
Il est intéressant de voir l'incroyable petit nombre de sources claires parlant des cheveux, au regard du nombre faramineux de lois qui en découlent sur le sujet.
La première question que je me suis posée : est-ce qu'il existe un commandement pour une femme de se couvrir la tête dans les 613 Commandements ?
Que ce soit dans la liste des préceptes de Maïmonide ou dans le Sefer ha-Hinnukh, La réponse est non. Il n'y a pas de commandements (mitsva) de se couvrir la tête.
Les commandements qui traitent des cheveux (et poils) sont :
– les Cohanim n’entreront pas dans le sanctuaire les cheveux longs (comme font les endeuillés Lev (10,6)
- lois sur l’impureté du lépreux (le Cohen devra déclarer impure la personne dont les poils de la plaie de lèpre est devenue blanc) Lev (13,2-3)
- règles de conduites d’un lépreux (le lépreux en qui est la plaie aura ses vêtements déchirés, sa chevelure en désordre, il sera couvert jusqu’aux lèvres, et criera : impur !) Lev (13,45)
– règles de purification des lépreux impurs par le bain rituel (et, au 7ème jour, le lépreux guéri se rasera tout poil, sa tête, sa barbe, les sourcils de ses yeux… et baignera son corps dans l’eau et sera purifié) Lev (14,9)
– ne pas raser autour des extrémités de sa chevelure (comme le faisaient les idolâtres) Lev (19,27)
- ne pas détruire l’extrémité de la barbe (comme le faisaient les idolâtres) – Lev (19,27)
- Ne vous arrachez pas les cheveux pour un mort (Deut (14,1)
Listons et analysons les sources de la loi orale qui ont permis aux décisionnaires d’en déduire « l'obligation » pour une femme mariée de se couvrir les cheveux.
Il n’y a que 2 sources dans les 5 livres du 'Houmache où il est fait mention de cheveux et de l'action de les couvrir et de les découvrir. Aucune des deux de ne parlent clairement d'une "obligation": le texte décrit une action, et ne donne à aucun moment la définition d'une obligation; on ne trouve nulle part dans le 'Houmache de définition claire (contrairement à d'autres mistsvot).
Parmi ces 2 sources, aucune ne peut souffrir d'une interprétation unique et chacune fait couler beaucoup d'encre.
Les sources dans le judaïsme
'Houmache 1)Berèchit 24, 65
סד וַתִּשָּׂא רִבְקָה אֶת-עֵינֶיהָ, וַתֵּרֶא אֶת-יִצְחָק; וַתִּפֹּל, מֵעַל הַגָּמָל. |
64 Rébecca, levant les yeux, aperçut Isaac et se jeta à bas du chameau; |
סה וַתֹּאמֶר אֶל-הָעֶבֶד, מִי-הָאִישׁ הַלָּזֶה הַהֹלֵךְ בַּשָּׂדֶה לִקְרָאתֵנוּ, וַיֹּאמֶר הָעֶבֶד, הוּא אֲדֹנִי; וַתִּקַּח הַצָּעִיף, וַתִּתְכָּס. |
65 et elle dit au serviteur: "Quel est cet homme, qui marche dans la campagne à notre rencontre?" Le serviteur répondit: "C'est mon maître." Elle prit son voile et s'en couvrit. |
- Lorsque Léa Rébecca approcha de son futur mari Yts'hak, elle se couvrit la tête: la Torah enseigne ici une règle de pudeur La jeune fille doit s’incliner et se couvrir d’un voile devant l’homme qui sera son époux. (Radaq et ‘Hizqouni).
Question: la tournure de cette phrase semble montrer qu'elle ne les avait pas couvert avant;
pour autant, nos sages nous expliquent que:
elle devra les couvrir également après s'être effectivement mariée avec lui?
qu'il y a obligation de se couvrir les cheveux en présence d’un autre homme que son mari
2) Nombres 5,18:
Au sujet de la femme "sotah", cérémonial d'innocentement d'une femme ayant rendu son mari jaloux par sa conduite et qui passe par l'action "d'ébouriffer" les cheveux de celle-ci par le Cohen, il est écrit:
טז וְהִקְרִיב אֹתָהּ, הַכֹּהֵן; וְהֶעֱמִדָהּ, לִפְנֵי יְהוָה. |
16 Et le pontife la fera approcher, et il la placera en présence du Seigneur. |
יז וְלָקַח הַכֹּהֵן מַיִם קְדֹשִׁים, בִּכְלִי-חָרֶשׂ; וּמִן-הֶעָפָר, אֲשֶׁר יִהְיֶה בְּקַרְקַע הַמִּשְׁכָּן, יִקַּח הַכֹּהֵן, וְנָתַן אֶל-הַמָּיִם. |
17 Le pontife puisera de l'eau sainte dans un vase d'argile, prendra de la poussière se trouvant sur le sol du tabernacle et la mettra dans cette eau. |
יח וְהֶעֱמִיד הַכֹּהֵן אֶת-הָאִשָּׁה, לִפְנֵי יְהוָה, וּפָרַע אֶת-רֹאשׁ הָאִשָּׁה, וְנָתַן עַל-כַּפֶּיהָ אֵת מִנְחַת הַזִּכָּרוֹן מִנְחַת קְנָאֹת הִוא; וּבְיַד הַכֹּהֵן יִהְיוּ, מֵי הַמָּרִים הַמְאָרְרִים. |
18 Plaçant alors la femme en présence du Seigneur, le pontife lui découvrira la tête et lui posera sur les mains l'oblation de ressouvenir, qui est l'oblation de jalousie, tandis qu'il tiendra dans sa propre main les eaux amères de la malédiction. |
"Le pontife fera se tenir la femme devant Hashem, il découvrira la tête de la femme...
Tout le problème du couvre chef est le verbe PaRa' (péh resh 'ayin) que l'on présente en rapport avec la sotah. Ce terme signifie à la fois Découvrir et Dénouer ( il se trouve également en rapport avec les cohanim (Lev 21) et avec le nazir (Nb 6,1-21) .
Selon les mœurs de cette époque, il était été honteux pour une femme ne de dénouer ses cheveux.
Dans le commentaire de rachi sur ce verset, nous trouvons :
Rachi explique (le) "il découvrira la tête de la femme" par le fait que ses nattes furent détachées de sa chevelure et explique qu’il est honteux (indigne) pour la une fille d’Israël d’avoir la tête découverte.
Le terme "indigne" exprime l'idée d'une laideur, de quelque chose de répréhensible, de criticable. (Rav Elyakim Simsovic)
"Il découvrira la tête de la femme", il y a une question à laquelle je n'ai trouvé nulle part de réponse: en quoi le fait d'avoir découvert la tête de la femme sotah démontre- t- il qu'elle avait la tête couverte en dehors du Temple? N'aurait-elle pas pu, au moment d'entrer dans le temple, en signe de respect, se couvrir la tête, puis, au moment de commencer le processus de la femme sota, avoir la tête découverte par le Cohen Gadol. Ce que le Orah 'Hayim explique: Orah Haim (Choulhan Aroukh Orah Haim - chap.91, parag.3) : un homme, comme une femme doivent se couvrir la tête quand ils rentrent dans un endroit saint- lieu de prière ou d'étude. Ainsi donc, la femme du mari jaloux soupçonnée d'adultère, et dont on découvre la tête dans le "processus de vérification" se voit découvrir les cheveux, certes, mais peut-être parce qu'elle vient de se les couvrir avant d'entrer dans le Temple, ce qu'elle n'avait fait à l'extérieur avant d'entrer dans le Temple.
Selon Rashi, et selon toute vraisemblance historique, les femmes avaient l'habitude de sortir les cheveux attachés, voir couverts.
Il faut donc voir dans ce verset une donnée sociale et non une donnée religieuse. « Découvrir » les cheveux est donc vécu comme une honte car il est signe de mauvaise vie.
Un peu comme en Europe jusqu'au 19ème siècle, où seules les prostituées sortaient tête découverte.
Apparemment, ce couvre-chef n'était pas religieux mais social.
Deux questions :
En quoi le fait de lui découvrir la tête au temple, pendant la cérémonie de la Sotah démontre-t-il qu'elle les avait couverts avant d'entrer au Temple ?
En quoi le fait de lui découvrir la tête au temple, pendant la cérémonie de la Sotah démontrerait un quelconque commandement religieux de se couvrir la tête, et non uniquement une donnée sociale ? »
Guemara Ketouvoth 72a: « [sortir] sans couvre-chef est une infraction envers les règles de la Torah »
il est honteux pour les filles d'Israël d'avoir la tête découverte. Une femme doit couvrir ses cheveux lorsqu'elle est en public. (A propos de la femme infidèle), pour la Guemara, découvrir les cheveux de la femme sotah est comme une sanction.
Concernant l'explication de la Guemara "Découvrir les cheveux de la femme sotah est comme une sanction"; nous sommes ici dans le domaine de la psychologie humaine et de l'éducation, (de la justice éventuellement puisque cela se faisait au Temple?). Soit! Cela fait-il pour autant du fait de ne pas se couvrir les cheveux une Avéra?
A partir de cette référence Talmudique Rabbiniques, de nombreux poskim ont écrits sur ce sujet.
Nous avons des avis très contradictoires sur :
Qui doit se couvrir les cheveux (jeunes filles, femmes mariées, veuves, divorcées….)
Quand se couvrir les cheveux (pendant les prières….)
Devant qui les femmes doivent elles se couvrir (public, mari, enfants, travail…)
Où elles doivent-elles se couvrir (synagogues, public, famille, chez elle…)
Comment doivent-elles se couvrir les cheveux (foulard, perruques, chapeaux….)
Dans cet article, je ne souhaite pas reprendre et détailler toutes ces variantes en citant leurs références. Cela a été écrit déjà plusieurs fois.
Je souhaiterais plutôt vous faire découvrir des décisionnaires orthodoxes qui au regard de la société actuelle, pensent que la femme mariée n’est pas tenue de se couvrir la tête, car cela ne correspond plus aux normes de pudeur moderne.
Il est intéressant de constater qu’à partir des mêmes références Talmudiques, comment ces décisionnaires arrivent à des conclusions différentes.
J’aimerais vous faire découvrir deux poskim en particulier.
Le Rav Yossef Messas (posek séfarade)
Le rabbin Mickael Broyde (posek ashkénaze)
Rabbi Yossef Messas (1892-1974) est une des figures rabbiniques les plus importantes du monde séfarade du siècle dernier. À 32 ans, il est nommé rabbin de Tlemçen (Algérie), seize ans plus tard, il devient le Av beit-din (dirigeant des tribunaux rabbiniques) de Meknès. En 1964, il monte en Israël et est nommé grand rabbin de Haïfa, poste qu'il occupa jusqu'à son décès en 1974.
Afin de diminuer le fossé qui se creusait entre le judaïsme et le monde moderne, le Rabbi Yossef Messas autorise les femmes mariées à ne pas se couvrir la tête. Dans son livre « Otsar Hamichtavim 3, p.211 ; Mayim Hayim II, O.H, 110 », (vous trouverez le texte original en hébreu sur le lien suivant : https://www.hebrewbooks.org/pdfpager.aspx?req=22016&st=&pgnum=216&hilite=
La traduction du passage est :
« …. que l'interdiction des femmes mariées à découvrir leurs cheveux était assez forte dans les communautés, car il était dans l'ensemble des pays arabes, avant l'afflux des Juifs français. Cependant, à court terme après leur arrivée, les filles d'Israël ont transgressé cette loi et une grande dispute s'éleva parmi les rabbins, des sages, et les religieux ... Maintenant, toutes les femmes sortent tête nue et les cheveux dénoués ... Par conséquent, je me suis consacré à trouver une justification à la pratique actuelle, car il est impossible d'imaginer que nous pouvons revenir au statu quo antérieur ... maintenant que toutes les filles d'Israël ont convenu que se découvrir les cheveux n'est pas une indication de la pudeur, et que l'absence d'un couvre-chef ne porte pas de honte ... cette interdiction a été déracinée de sa fondation et devient admissible. ... Le résultat de tout ceci est que les cheveux couverts pour les femmes n'est obligatoire que du point de vue de la coutume seul.
Si vous voulez en savoir plus sur le rabbin Yossef Messas, Il existe un très bon article le concernant sur le site Moderne orthodoxe :
Dans cet article, vous trouverez toutes les décisions courageuses prises par ce grand décisionnaire.
Le rabbin Mickael Broyde est un décisionnaire orthodoxe américain. Il est ordonné Rabbin et Dayan par la rabanout américaine. Le Rabbin Broyde a écrit des livres et les discours prononcés sur la loi juive, Mishpat Ivri et l'éthique juive. Son travail est souvent cité par d'autres auteurs sur ses sujets d'expertise, et il est largement consulté sur les questions de halakha (la loi juive). Au cours des dernières années, il a écrit des articles importants sur l'avenir de l'orthodoxie moderne sur les femmes agounot (en attente du guet) , sur le fait de se couvrir les cheveux .
Il est consulté sur de nombreux sujets et est considéré comme un des décisionnaires de notre époque
Vous trouverez toute son analyse halakhique sur le lien suivant :
https://www.traditiononline.org/news/_pdfs/0095-0180.pdf
En synthèse, le rabbin Broyle reprend les références talmudiques (Ketoubot 72a) et après une longue analyse démontre que l’interdiction de sortir les cheveux découverts relève en fait d’une donnée sociale de l’époque et que de nos jours, les données sociales ont changé.
Cheveux dans la Torah ?
Nous venons donc de citer les références dans le talmud qui ont permis à la grande majorité des rabbins orthodoxes de déduire cette interdiction. Ces références sont sujettes à discussion. Le texte ne dit pas clairement l’interdiction de laisser ses cheveux découverts.
Existent-ils d’autres endroits dans le tanah ou l’on parle plus clairement des cheveux ?
Evidemment que oui. Je citerai le plus explicite, dans le livre des juges (chapitre 4 et 5), la juge Deborah.
ד וּדְבוֹרָה אִשָּׁה נְבִיאָה, אֵשֶׁת לַפִּידוֹת--הִיא שֹׁפְטָה אֶת-יִשְׂרָאֵל, בָּעֵת הַהִיא. |
4 Or Déborah, une prophétesse, femme de Lappidoth, gouvernait Israël à cette époque. |
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ה וְהִיא יוֹשֶׁבֶת תַּחַת-תֹּמֶר דְּבוֹרָה, בֵּין הָרָמָה וּבֵין בֵּית-אֵל--בְּהַר אֶפְרָיִם; וַיַּעֲלוּ אֵלֶיהָ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל, לַמִּשְׁפָּט. |
5 Elle siégeait au pied du "Palmier de Déborah", entre Rama et Béthel, dans la montagne d’Ephraïm; et c’est à elle que les Israélites s’adressaient pour obtenir justice. |
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ט וַתֹּאמֶר הָלֹךְ אֵלֵךְ עִמָּךְ, אֶפֶס כִּי לֹא תִהְיֶה תִּפְאַרְתְּךָ עַל-הַדֶּרֶךְ אֲשֶׁר אַתָּה הוֹלֵךְ--כִּי בְיַד-אִשָּׁה, יִמְכֹּר יְהוָה אֶת-סִיסְרָא; וַתָּקָם דְּבוֹרָה וַתֵּלֶךְ עִם-בָּרָק, קֶדְשָׁה. |
9 Elle répliqua: "Certes, j’irai avec toi; seulement, ce n’est pas à toi que reviendra l’honneur de ton entreprise, puisque c’est à une femme que l’Eternel aura livré Sisara." Et là-dessus Débora s’en alla avec Barak à Kédech. |
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א וַתָּשַׁר דְּבוֹרָה, וּבָרָק בֶּן-אֲבִינֹעַם, {ס} בַּיּוֹם הַהוּא, {ר} לֵאמֹר. {ס} |
1 Ce même jour, Déborah et Barak, fils d’Abinoam, chantèrent ce cantique: |
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ב בִּפְרֹעַ פְּרָעוֹת בְּיִשְׂרָאֵל, {ס} בְּהִתְנַדֵּב {ר} עָם, בָּרְכוּ, יְהוָה. {ס} |
2 Quand en Israël, on laisse flotter les chevelures, quand un peuple s’offre volontairement, Bénissez D’ieu |
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יב עוּרִי עוּרִי דְּבוֹרָה, {ס} עוּרִי {ר} עוּרִי דַּבְּרִי-שִׁיר; {ס} קוּם בָּרָק וּשְׁבֵה שֶׁבְיְךָ, בֶּן {ר} אֲבִינֹעַם. {ס} |
12 Debout, debout, Déborah! Eveille-toi, éveille-toi, chante l’hymne! Alerte, ô Barak! Fils d’Abinoam, emmène ta capture! |
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Dans ce passage d’une part la Juge Déborah est mariée, elle chante avec son ministre des armées Barack (un homme qui n’est pas son mari) et d’autres part c’est tout Israël qui laisse flotter sa chevelure.
Mais ce passage n’a pas été retenue, ni pour la notion de chanter avec un homme, ni pour la notion de chevelure.
En conclusion
Il n'y a pas de mitsva de se couvrir la tête, mais une interdiction des Sages de l’époque de l'avoir découverte.
Dans le judaïsme, on entend parler pour la première fois du couvre-chef féminin dans le Talmud : il s’agit d’un passage évoquant le mari jaloux qui souhaite vérifier si son épouse a failli avec un autre homme. Pour cela, la femme est menée devant un grand prêtre et est sommée de se découvrir la tête avant de boire une boisson qui fera gonfler ses entrailles si elle est coupable. La source toraïque de ce passage se trouve en Ketoubot 72 a-b. Le prêtre révèle et dénoue sa chevelure pour l’humilier, ce qui nous apprend d’une part que la chevelure de la femme était couverte à l’endroit où a lieu cette cérémonie, d’autre part que le couvre-chef féminin était plus une marque de respect que de pudeur à proprement parler dans l’époque où se situe cette scène (sinon le prêtre ne lui aurait pas demandé de le retirer).
Dans le sillage des lumières au 18ème siècle en Allemagne, les femmes juives ont entrepris de se découvrir la tête, comme le note le Prof. Shmuel Feiner, de l’université Bar Ilan, dans un ouvrage sur les origines de la laïcité chez les Juifs au 18ème siècle en Europe. (Vous trouverez la synthèse de son article sur le lien suivant : https://jwa.org/encyclopedia/article/haskalah-attitudes-toward-women)
L’étape intermédiaire consistait alors à porter la perruque. Vers la fin du 18ème, ce mouvement se serait largement propagé. Ce n’est toutefois qu’au 19ème siècle qu’il se généralise, pour reléguer la perruque ou tout autre couvre-chef à la seule minorité ultra-orthodoxe au début du 20ème siècle.
De nos jours en France, il n’y a que dans les milieux orthodoxes et ultra-orthodoxes où les femmes mariées se couvrent la tête. Dans les milieux dits « traditionnalistes », les femmes se couvrent la tête uniquement à la synagogue ou pendant la récitation de certaines prières.
Mais la très grande majorité du peuple juif ne se couvre pas la tête. Il est vrai qu’à notre époque, il n’y a plus aucune humiliation pour une femme mariée de sortir les cheveux découverts.
Sujet: D’où vient l’interdiction pour une femme mariée de se couvrir les cheveux ?
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